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Marcus Miller / Maisha / Laurent Bardainne Quartet "Tigre d'eau douce"

Une soirée triangulaire entre la France, l’Angleterre et les États-Unis. Trois styles et trois époques, entre le néo-free de Laurent Bardainne, les envolées afro-spirituelles de Maisha et le slap tellurique du boss de la basse, Marcus Miller.

1/ Laurent Bardainne « Tigre d’Eau Douce »
Saxophoniste ténor, Laurent Bardainne est l’un des musiciens les plus discrets et pourtant les plus actifs de la scène parisienne. Difficile de ne pas croiser sa route quand on aime le jazz et ses musiques connexes : on peut l’entendre dans le Supersonic de Thomas de Pourquery, aux côtés de Camélia Jordana avec Lost, avec son groupe rock Poni Hoax, dans les digressions électro de Sabrina & Samantha, ou encore au sein de Limousine, avec lequel il a publié un excellent disque au printemps, L’Été suivant. Laurent Bardainne revient aujourd’hui avec ce quartet d’une folle liberté, intitulé Tigre d’Eau Douce. Une musique qui invoque les complaintes d’Albert Ayler et les heures les plus free de John Coltrane, le tout entrecoupé de ballades et de moments apaisés aux couleurs d’une spiritualité soul distillée par l’orgue Hammond B3 d’Arnaud Roulin.

2/ Maisha
Révélé par Gilles Peterson et découvert par un public attentif il y a quelques mois avec un premier et ambitieux album, There is a Place, Maisha fait partie de l’effervescente nouvelle scène londonienne qui développe un jazz décloisonné, entre tradition et modernité. Dans un contexte purement acoustique, enraciné dans la mouvance spirituelle des années 1960, ce septet emmené par le batteur Jake Long revendique l’héritage de Sun Ra comme de Pharoah Sanders. Une musique aux arrangements riches, à la dimension orchestrale, où l’improvisation et l’écriture se fondent au cœur de longues compositions tout en reliefs. Un groupe destiné au live – c’est d’ailleurs dans ces conditions qu’a été enregistré son disque – et dont la pulsation hypnotique et entraînante évoque également l’afrobeat de Fela Kuti.

3/ Marcus Miller
Après un album tourné vers le continent africain et la Caraïbe, Afrodeezia, Marcus Miller nous est revenu au printemps dernier avec Laid Black, un disque pour le label Blue Note, entre la plus pure tradition de son style (celui qui a façonné le Miles Davis de Tutu) et de très éclectiques collaborations (aux accents de trap music, R&B et gospel) avec Trombone Shorty, Selah Sue ou encore le groupe vocal Take 6. Monument vivant du jazz électrique, Marcus Miller marque de son empreinte l’histoire de la musique moderne avec un son de basse reconnaissable entre mille, et une technique du slapping qui a emmené l’instrument vers de nouveaux horizons. De Bill Withers à Aretha Franklin en passant par Brian Ferry ou Luther Vandross, il a su s’imposer en quarante ans de carrière comme l’un des plus prestigieux producteur et compositeur au monde et a embrassé tous les genres. Multi-instrumentiste, il est également un virtuose de la clarinette… basse, bien entendu.